9 juin 2020 - Testostérone et Covid-19 ?
Correspondance : Jean-Claude André
LRGP-UMR 7274 CNRS-UL 1, rue Grandville, F54000 Nancy, France
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La testostérone est l’hormone sexuelle prépondérante chez l’homme ; elle est associée à la vitalité et la virilité. On trouve ainsi quelques surmâles chez certains acteurs, certains médecins et/ou scientifiques, voire chez certains politiciens de haut vol. Une étude récente [1] montrerait que les hommes atteints de cancer de la prostate et traités par des anti-androgènes, une hormonothérapie abaissant le niveau de testostérone, seraient moins susceptibles de contracter le nouveau coronavirus et de développer une forme grave de la maladie. Cela peut être un moyen de diminuer l’effet du virus sur ce genre plus fragile vis-à-vis du coronavirus que les femmes [2,3], qui est examiné.
Mais l’association entre Covid-19 et testostérone ne se retrouve pas uniquement dans la maladie. Ces derniers mois, dans l’incertitude ambiante sur les effets, les moyens de se protéger, les soins à opérer pour lutter contre la pandémie, une nouvelle espèce, essentiellement masculine, a émergé. Cette espèce compléterait le redéploiement possible de la biodiversité (à vérifier) : il s’agit des experts !
Un expert labellisé « Covid », qu’il soit plutôt médecin ou qu’il se revendique de la science, se définit par son aptitude à traiter radicalement et avec certitude de l’agnotologie (la science des non-savoirs) en moins d’une minute pour les télévisions d’information continue avec des avis naturellement réducteurs, sans niveau de gris. Par ce type d’actions irrationnelles peu conformes à la déontologie scientifique, voire relevant d’incompétences, mais favorisant l’ego (voire le CV), il est possible d’ajouter de la crise à la crise, celle qui prévalait initialement, laissant un espace libre au développement d’idéologies diverses susceptibles de freiner le retour à une certaine confiance ou de modifier notablement le nouvel état d’équilibre relativement à l’ancien (pour autant que cela soit souhaité par le corps social).
L’utilisation de la métaphore de « cygne noir » [4] par les responsables gouvernementaux aurait pu éviter de rendre des comptes parce qu’imprévisible ; peu de choses auraient pu être faites pour maîtriser la pandémie. Mais, des faits validés ne permettent pas cette protection apparente. Alors les politiques, pour sortir de la pression exercée par l’urgence à (bien) décider, font appel à des conseils scientifiques, composés également et majoritairement de ressortissants de la gente masculine. Expliquer à un politique pressé ce qu’est une expertise dans l’incertain, ce que représente une approche heuristique et des scénarios, relève de l’illusoire. Il n’y a plus de confiance dans les discours dont certains hélas se disent d’origine scientifique.
Alors, dans tout cela, quel est l’effet le plus désastreux : l’incurie remarquée teintée de scientisme ou des difficultés de résoudre la pandémie (ou les deux) ? Peut-être faut-il plus de femmes (sans testostérone pour éviter les réductions hasardeuses) aux pouvoirs ? Peut-être également, si l’effet du virus est plus important sur les surmâles, nous pourrons éviter bientôt des réélections dans des pays amis, permettant une meilleure sérénité et un retour à un certain « bien vivre ensemble ». On en a bien besoin en ce moment !
Références
1. Pozzilli P, Lenzi A. Testosterone, a key hormone in the context of COVID-19 pandemic. Metabolism: Clinical and Experimental 2020 ; 108 : 154252.
2. Muurlink OT, Taylor-Robinson AW. COVID-19: cultural predictors of gender differences in global prevalence patterns. Frontiers in Public Health 2020 ; 8. https://doi.org/10.3389/fpubh.2020.00174
3. Jin JM, Bai B, He W, et al. Gender differences in patients with COVID-19: focus on severity and mortality. Frontiers in Public Health 2020 ; 8. https://doi.org/10.3389/fpubh.2020.00152
4. Taleb N. The Black Swan: The Impact of the Highly Improbable. New-York, USA : Penguin Random House Ed, 2007.