17 avril 2020 - Comment limiter les effets indésirables de la sédentarité induite par le confinement ?
Correspondance : Michel Gerson, endocrinologue
Mots clés : COVID-19 ; confinement physique ; mode de vie sédentaire ; effets indésirables [COVID-19 ; containment, physical ; sedentary behavior ; side effects].
⇐ Retour au dossier "Actualités COVID-19"
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié le 1er avril un avis intitulé « évaluation des risques liés à la réduction du niveau d’activité physique et à l’augmentation du niveau de sédentarité en situation de confinement » [1].
D’innombrables études ont montré les bénéfices de l’activité physique et les risques de la sédentarité, en termes de mortalité et de morbidité pour la population générale. De telles études continuent à paraître depuis le début du confinement. On peut ainsi citer une nouvelle étude effectuée à partir de la cohorte « National Health and Nutrition Examination Survey », échantillon représentatif des adultes de plus de 40 ans vivant aux États-Unis [2]. Cette étude a montré une association significative entre nombre de pas quotidiens et mortalité toutes causes : HR, 0,49 [IC 95 % : 0,44-0,55] quand on compare 8000 à 12 000 pas par jour.
En France, plusieurs instances officielles comme Santé Publique France, l’INSERM et la HAS ont publié récemment sur leurs sites des recommandations visant à promouvoir l’activité physique en population générale et chez les patients atteints de maladies chroniques.
Les risques liés au confinement — découlant à la fois de la diminution de l’activité physique et de la sédentarité accrue — ont paru suffisamment graves à l’ANSES pour qu’elle s’autosaisisse du sujet.
Si les risques cardiovasculaires et métaboliques apparaissent surtout à moyen et long terme, il n’en est pas de même pour l’effet sur l’appareil locomoteur présent dès les premières semaines de confinement.
Des risques locomoteurs accrus pour les personnes âgées
Le confinement induit un « état de déconditionnement musculaire caractérisé par une amyotrophie et une fatigabilité musculaire qui apparaissent progressivement mais restent réversibles, avec plus ou moins de facilité selon l’âge » [1]. L’effet sur la mobilité et le maintien postural a « des conséquences majeures chez les personnes avançant en âge, majore la perte d’autonomie et accroît le risque de chute ».
Ce risque accru chez les personnes les plus âgées a conduit l’ANSES à insister sur l’importance d’une activité musculaire adaptée avec ces propositions pour les plus de 65 ans : les exercices de renforcement musculaire sont nécessaires « afin de minimiser les effets du déconditionnement sur la masse et les fonctions musculaires ». Des exercices d’entretien de l’équilibre visent à réduire le risque de chute accidentelle et des exercices d’assouplissements sont également recommandés.
L’ANSES conseille aussi de fractionner les 30 minutes d’activité physique en périodes de 10 minutes, voire moins, réparties sur la journée.
Chez les personnes âgées de plus de 65 ans, l’ANSES propose aussi :
– D’interrompre le temps assis toutes les 30 minutes au minimum et pratiquer une activité même légère : marcher quelques mètres en faisant des étirements, des exercices d’élévation sur la pointe des pieds, etc. ;
– De mobiliser les masses musculaires et les articulations même en position assise ou semi- allongée ;
– De veiller à limiter l'augmentation du temps d’écran de loisirs et passif.
Enfin, l’ANSES évoque aussi les effets néfastes sur la santé mentale et le sommeil. On dispose de peu de données pour évaluer leur importance.
Pour la pratique
Cet avis de l’ANSES met l’accent sur les risques liés à la diminution de l’activité physique et à la sédentarité accrue imposées par le confinement.
Les professionnels de santé doivent être attentifs aux personnes de plus de 65 ans qui sont exposées à une moindre réversibilité des effets néfastes de la restriction sur l’appareil locomoteur (amyotrophie, fatigabilité musculaire, risque de chute). Des exercices de renforcement musculaire et d’entretien de l’équilibre et d’assouplissement doivent leur être conseillés ainsi que de rompre toutes les 30 minutes la position assise.
Références
1. Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à l’évaluation des risques liés à la réduction du niveau d’activité physique et à l’augmentation du niveau de sédentarité en situation de confinement. 1er avril 2020. www.anses.fr
2. Saint-Maurice PF, Troiano RP, Bassett DR, et al. Association of Daily Step Count and Step Intensity with Mortality Among US Adults. JAMA 2020 ; 323 (12) : 1151-60.