30 mars 2020 - Le COVID-19 et les malades immunodéprimés : l’exemple du myélome
Correspondance : Philippe Casassus
PU-PH émérite de Thérapeutique, Université Sorbonne-Paris Nord
Mots clés : COVID-19 ; immunodépression ; myélome multiple ; corticoïdes [COVID-19 ; immunosuppressions ; multiple myeloma ; corticoids].
⇐ Retour au dossier "Actualités COVID-19"
Introduction
La mortalité induite par le COVID-19 concerne préférentiellement les sujets âgés du fait des comorbidités (en particulier diabète, hypertension artérielle, cardiopathie, pathologie respiratoire bien sûr), mais aussi les sujets immunodéprimés.
L’étude
La lymphopénie est habituelle au début de la maladie : 72,3 % dans une série de 137 cas [1]. Il semble aussi que, de même que les anti-inflammatoires, les corticoïdes puissent aggraver l’évolution. Les sujets atteints d’hémopathies comme le myélome, qui reçoivent, en outre, au cours de leur traitement une forte corticothérapie (à visée anti-tumorale) sont donc particulièrement à risque de forme grave. L’intergroupe francophone du myélome (IFM) vient donc de rédiger des recommandations et il est peut-être utile que tout médecin traitant connaisse celles qui peuvent concerner ses patients [2].
Il est évidemment essentiel que l’entourage des malades applique les mesures « barrières » pour eux.
Pour ces malades (comme pour tout malade atteint d’hémopathie ou de cancer) susceptibles de recevoir un traitement immunodéprimant (notamment un corticoïde), celui-ci doit être différé s’il n’est pas urgent (traitements de consolidation ou dits « d’entretien »), de même que les traitements d’intensification avec autogreffe de cellules souches en première ligne. D’une manière générale, l’usage des corticoïdes doit être limité le plus possible. Enfin, en cas d’excellente réponse à un schéma comportant des traitements injectables, un allégement du schéma peut être proposé au cas par cas selon la situation clinique du patient afin de limiter les venues en hôpital de jour.
L’inclusion de nouveaux malades dans des essais thérapeutiques incluant des séjours répétés à l’hôpital n’est pas recommandée jusqu’à la fin de l’épidémie, en dehors de situations très particulières à haut risque.
Par ailleurs, il est proposé de demander aux pharmacies hospitalières de délivrer, exceptionnellement, deux mois de traitement des médicaments anti-myélomateux (tels que le Revlimid® et le Pomaldomide®) qu’elles délivrent en ambulatoire afin de limiter les allers-retours des patients.
Pour la pratique
Les malades immunodéprimés sont à haut risque et les mesures « barrière » doivent être très scrupuleusement suivies pour les protéger. L’usage des corticoïdes doit être évité au maximum ou leur dose réduite. Pour les hémopathies ou cancers sous traitement, lorsque la situation le permet, il peut être licite de le différer (sous contrôle des équipes spécialisées).
Liens d’intérêts
L'auteur déclare n’avoir aucun lien d'intérêt en rapport avec l’article.
Références
1- Liu K, Fang YY, Deng Y, Liu W, et al. Clinical characteristics of novel coronavirus cases in tertiary hospitals in Hubei Province. Chin Med J (Engl). 2020 Feb 7. doi: 10.1097/CM9.0000000000000744. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32044814/
2. COVID 19 - Recommandations de l’IFM. https://www.myelome.fr/actualites/copy-of-congr%C3%A8s-%C3%A9v%C3%A9nements-ifm.html